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Casser sa coque et laisser paraître le fruit

La feuille du mois…

Cette feuille, c’est la feuille d’automne, celle qui tombe, celle qui voit les fruits se recroqueviller sur eux et tomber également.

En Charente, nous sommes près du Périgord noir alors penchons-nous sur son fruit culte : la noix.

Elle possède une coque protectrice et à l’intérieur, un noyau comestible tout rabougri qui fait penser aux circonvolutions du cerveau.

Ce noyau a été protégé durant des mois par sa coquille. A l’intérieur, au fil des mois, ce même noyau s’est développé, s’est nourri, s’est asséché et s’est débarrassé de ce qui n’était pas nécessaire.

Et un jour, la noix tombe, la coquille s’ouvre et on découvre un fruit, un fruit qui a vécu, un fruit savoureux qui nous rappelle la Terre et la vie.

Ce fruit, c’est aussi nous. Durant le printemps de notre vie, nous sommes tout vert, plein d’énergie (qui part souvent dans tous les sens), nous posons des actes pensant nous protéger de l’hiver et de ses morsures. Puis, vient l’été avec quelques changements dans nos manières de voir la vie et de la vivre, nos besoins s’affirment mais nous avons toujours cette peur en nous, ce besoin de consolider la coque. Cette peur qui nous empêche parfois d’avancer, de prendre des risques, de vivre pleinement.

Et puis, on commence à pressentir l’hiver alors c’est décidé, en automne on va poser des actes, des actes pour vivre pleinement et ne plus fonctionner, des actes pour être pleinement nous.

Le premier acte, c’est de réduire de plus en plus cette coque protectrice entre nous et les autres et très vite, on s’aperçoit que c’était une coque entre nous et…nous. Nous sentons enfin l’air sur notre visage, dans notre corps ça circule. On prend le temps de se regarder, oui, on a changé : quelques kilos en plus ou en moins, les cheveux plus clairs ou plus rares, mais un autre changement a eu lieu, il se passe là, à nos pieds. Ces pieds ont des racines qu’on accepte, des racines qui nous nourrissent, des racines qui nous procurent vie.

Et puis, ces pieds nous portent, ils nous permettent de nous ancrer davantage, nous avons confiance en eux. Et là, à l’automne, nous n’avons plus peur qu’ils avancent et qu’ils puissent se heurter à quelque chose. Nous n’avons plus peur de tomber. Finalement c’est quoi tomber ? C’est être entraîné vers le bas par perte d’équilibre et rencontrer notre terre nourricière.

Alors cet automne, osons perdre notre équilibre juste le temps d’en construire un nouveau plus juste, plus vrai, plus vivant.

Osons être noix….mais surtout osons être soi.