Il n’y a pas très longtemps, je me suis retrouvée chez la coiffeuse en train d’attendre et comme j’avais oublié mon livre, et bien, je me suis vue là, à attendre je ne sais quoi et j’ai pensé à mon Pépé Roro.
Alors oui, il faut que je vous raconte mon Pépé Roro. Et bien il a fait la guerre, il a été prisonnier, s’est retrouvé dans un camp de travail d’où il s’est échappé et quand il est revenu au pays et bien, sa femme, qui après 4 ans ne l’attendait plus, avait refait sa vie.
Bon, autant vous dire que ça, ça rend philosophe bien plus qu’en lisant Montaigne ou Spinoza.
Donc mon Pépé Roro et bien, il avait l’art de se tourner les pouces.
Quand j’étais petite, j’aimais le regarder faire. En début d’après-midi, il s’installait dans son transat près de la fenêtre sous laquelle était disposée juste en-dessous une tablette où trônait La Charente Libre, et il avait les yeux fermés et se tournaient les pouces.
C’était un mouvement lent mais sûr. Ses pouces tournaient sans accroc. Il ne dormait pas mais était comme un peu parti.
Et donc, me voilà chez la coiffeuse, en train de me mettre en position de tournage de pouces. Bon, c’était bien moins fluide que le Pépé mais au bout de 5 minutes c’était pas mal et après 7 minutes, j’ai stoppé.
Pourquoi ?
Aucune raison apparente, si ce n’est dans mon cas l’art de passer à autre chose.
Là, je me dis que finalement, j’entends beaucoup parler de méditation, de pleine conscience, que si c’était aujourd’hui, il y aurait des MOOC pour apprendre à se tourner les pouces alors qu’en fait, il suffit juste de le faire et de persévérer. Et le temps, c’est lui qui donne toute sa saveur à ces moments-là.
Peut être que finalement, c’est ça la leçon du tournage des pouces : l’art de savoir prendre le temps et d’arrêter de passer d’une activité à une autre.
Et me rappeler cette phrase : « C’est en faisant qu’on fait ! » donc Katia au boulot pour ne rien faire !
Katia